Salut

Auteur est un terme générique qui reflète une activité d’écrivain dans des domaines aussi diversifiés que le théâtre, la poésie, le roman ou les essais les plus divers, comme dans la presse.
C’est une activité qui peut devenir un métier mais c’est avant tout un choix de vie exercé sur une pratique, l’écriture.

D’inspiration professionnelle ou imaginaire, l’auteur utilise la langue et la grammaire à des fins de communication, que ce soit par l’édition de textes ou par la lecture.

L’auteur est en général un grand lecteur qui analyse les ouvrages de ses pairs ou de ses contemporains et n’a de cesse de produire une œuvre originale afin d’être le témoignage de son temps.
Il émet des opinions et les confronte grâce à ses lectrices et lecteurs, ou se contente de propos sans avis politique spécifique, il philosophe, il peint des scènes, raconte des histoires, il acquiert sa liberté créative en produisant, il travaille une matière intellectuelle et tâche le plus sincèrement possible de restituer la quintessence de ses recherches stylistiques dans une optique de partage.
D’abord et avant tout, l’auteur s’engage en littérature, et celle-ci est son épée en toute occasion de la vie, de la plus anodine à la plus recherchée, avec comme maîtres mots la persévérance et le discernement, si toutefois ces absolus peuvent être atteints.

Ecrire est un choix de vie, c’est le mien.

Merci à vous d’avoir parcouru ces quelques lignes, qui vous diront à demi-mot que l’existence est ce que nous en faisons.

Souvent…

Souvent, on lui prodiguait l’hospitalité, par tradition ou par générosité. Parce qu’il venait de loin, on lui posait moult questions. On voulait savoir ce qu’il y avait de l’autre côté du désert, personne n’en connaissant l’au-delà. Alors Eakin racontait les paysages, les villes, les inventions et les techniques ; il expliquait les coutumes, décrivait les parures, parlait de l’art et, pour captiver son auditoire, il brodait une histoire, la sienne, et mettait en scène décors et personnages, afin de rendre sa narration plus vivante.

Lorsque d’aventure il entendait un musicien jouer d’un instrument, à corde ou à vent, taillé dans un os ou fait de planchettes grossières, il allait fredonner avec lui des airs d’inspiration. Des jours de fêtes, tels qu’il y en a dans tous les villages, il écoutait les chants et se laissait aller à ces folklores du bout du monde, s’émerveillant des danses où s’alignaient les plus jeunes. Partout un même accueil lui montrait de quelles couleurs la montagne savait se parer et de quelle façon, dans ces régions délaissées, mais heureuses et fières, les populations supportaient dans la gaieté les peines de leurs harassants quotidiens.

Eakin & Ilana chapitre 86

Al-Lāt, Manat et Uzza

En 1989, la sentence iranienne sur la personne de Salman Rushdie m’avait alerté, comme tant d’autres, sur les risques encourus par un écrivain dès lors que ses écrits dérangent un pouvoir ou une morale. J’ai lu, à la suite de l’attentat subi il y a quelques jours par Salman, des propos qui remettent à des places séparées l’occident et l’orient, lisant que le premier ne pouvait s’attendre ni à une compréhension passive et encore moins à une forme de colonisation intellectuelle par le second, encore faudrait-il qu’un roman ait une stratégie colonialiste.

Que l’ayatollah Khomeiny, à cette époque, ait lu ou non les Versets sataniques, là n’est pas la question, surtout lorsqu’on en a pas la réponse. D’ailleurs, pourquoi l’aurait-il lu ? Quelques passages choisis par son entourage ont dû lui suffire et on peut aisément imaginer le Guide suprême condamner d’un revers de main et sans autre forme de procès l’homme et l’art, parce qu’il s’agit néanmoins d’art, celui d’écrire.

Aujourd’hui, trente-trois ans plus tard, un bourreau se présente à la face du monde après avoir obéi à une fatwa toujours d’actualité pour les uns et obsolète pour d’autres. Un tel attentat ne pouvait venir que d’une personne isolée, et c’est ce qui s’est produit.

Si le Coran est un texte sacré, nous savons ô combien la vie d’une personne, et plus encore celle d’une femme, est négligeable aux yeux du prophète lorsqu’il récite les versets que lui dicte l’ange Gabriel. Cette fable pour adultes soumis à une croyance parmi tant d’autres est la norme dans tant de pays qu’il semble impossible qu’une humanité digne de ce nom puisse élever le débat du monothéisme, toujours réduisant et terrorisant des coupables fictifs, ici au nom d’une règle établie il y a plus d’un millénaire par le prophète de l’islam.

Qu’on l’affuble d’une barbe ou que son visage soit caché, l’homme reste un homme. Qu’il ait un jour prôné la mort aux mécréants, en vertu d’un texte venu du ciel, d’un point de vue moral un simple conte moderne restera toujours une œuvre de l’esprit humain. A ce titre, elle est vouée à l’oubli pour le plus grand nombre, sauf pour les maîtres de l’exégèse qui pointent comme des comptables zélés la moindre anicroche dans l’horloge du temps présent dès lors qu’un grain de sable s’immisce dans son mécanisme.

Si Dieu est incréé et immortel, que lui chaut un roman fantaisiste. Toute religion est propagandiste et prosélyte. Le paganisme tout comme le judaïsme ont leurs héros et leur mythes, la chrétienté les siens et l’islam continue la tradition. Avec le concours des Romains, les juifs se sont séparés de leur principal dissident, les catholiques ont massacré au nom de l’ignorance et les musulmans ne sont pas en reste d’une attitude meurtrière.

Où se trouvent la vie et le sacré dans l’humanité si la barbarie continue son œuvre morbide. Si toutefois le prophète Mahomet, bénédiction soit sur lui, était véritablement le dernier des prophètes (ce qui laisse la place à une prophétesse), nous devrions être en droit de dire que cette humanité est en route vers la sagesse. Mais en réalité il n’en est rien, et plus l’homme persiste dans ce monothéisme, plus ses thuriféraires sont porteurs de violence et de cruauté.

Sans doute n’est-ce pas la faute de Jéhovah, ni de Dieu ou d’Allah, mais la faute de l’homme assurément. Dire en quelques lignes l’absurdité de certaines croyances relativise la foi, et celle-ci ne résiste pas à la perversité parce qu’elle l’ignore de fait.

Cette fatwa était une erreur trop humaine, et un homme seul vit avec cette menace depuis des décennies. Aujourd’hui, nous venons d’assister à l’exécution de la sentence, mais le bourreau a failli. L’homme est toujours vivant, selon les médias, et d’autres hommes sont à son chevet pour qu’il reprenne le chemin de son destin, et ce chemin nous en dit long sur le nôtre.

Le vingt-et-unième siècle reste une époque fondamentalement barbare, et il est malheureux qu’une religion en soit l’une des principales causes.

Blasphémer est une vue de l’esprit qui donne un pouvoir de juge et de bourreau à ceux qui se l’octroient. Rien ne me paraît plus insidieux que de condamner un auteur pour quelques lignes écrites pour distraire, pour faire réfléchir et apporter de la fantaisie dans un monde où l’ordre, qu’il soit religieux ou politique, se complait à faire des peuples des êtres non-pensants et obéissants.

Certainement la tâche est rude et même est devenue dangereuse. Nos états dits démocratiques ne défendent plus les écrivains. Ceux-ci sont désormais à la merci des dogmes et de leurs assassins. Pourtant, nous n’avons d’autres choix, si ce n’est une mission, de continuer à nous exprimer selon nos convictions et opinions, sans nous autocensurer face à un marché de plus en plus normé et surtout face à la désaffection intellectuelle, malheureusement orchestrée, de nos sociétés occidentales.

Que ce soit légalement ou dans la criminalité, dans la paix comme dans la guerre, les élites, qui vivent leurs beaux jours au dépend des plus faibles, savent cela, n’en doutez pas.

***

Cendres en terres

 

Dimanche 12 mars 2022, visite de l’exposition de peintures de Jean-Gilles BADAIRE et de sculptures de Bernard THIMONNIER.

Chapelle Ste Anne, Square Roze, 37000 Tours/la Riche

Quelques mots notés dans les ténèbres lumineuses de la chapelle.

 

 

Visage livide

Foudre éclaire

Arbres secs

Landes asséchées

Crâne pastel

Tête brûlée

Prairies tournoyantes

Arbre ployé

Offrande rouge

En fleurs d’azur jaune

Disparition d’un être portrait

Cortège enterre

Cendre terre

Esprits des montagnes dimensionnées

Brumes

Femme trempée de nuit grise

Pot vaillant d’offrandes

Un trait d’encre

Papier lavé

Sali

L’arbre feuillu noir

Esquisse de regard bas

Sans nez

Une matière symbolique

Idéaux divins

Pic vers le Très-Haut

Conscience jeunesse

Masse tombante

En suspension

L’oiseau creuse

Figure beauté possible

Ange classique

Aux rives anoblies

Au-dessus du reflet

Des joncs d’argent

Près du Temple

Coupole coupable

Un teint de cendre

Résidu de matière

Poussière

Poussière.

 * 

 

Visite de l’exposition : 

Et les poèmes d’Emily Dickinson sur :

https://www.publishersweekly.com/pw/by-topic/industry-news/tip-sheet/article/67591-the-10-best-emily-dickinson-poems.html

PROMESSES

(Extrait)

Au nom des uns désaccord conflit au rang des autres il chute des mots plein d’espérance incomprise au son de cors de chasse tenus par des hommes noirs ils sont tenus d’exécuter quiconque leur chef a dit l’homme du trottoir est battu comme ce sol de poussière qui l’a vu naître ses membres meurtris au bleu de sang impur sous l’étoile du destin qui sépare la femme de ses enfants et la famille dans des trains de fer fuyant sous l’autorité des damnés en redingote à boutons dorés

La limaille s’insinue de scories l’outil ne répond qu’aux prosélytes j’ai œuvré de bon matin fou de joie à la patience quand des urgences ont fondu sur un peuple à pied les sirènes ont hué des noms à la queue-leu-leu jusqu’aux sommets de mâts de cocagne garnis d’épingles elles entrent dans la chair du monde le cri s’irrite du chuintement des palais brossés par des architectes concupiscents leurs flèches atteignent des hauteurs inexpugnables où des protecteurs ventrus sont à la table d’aveugles volontaires et aguerris

Les rédacteurs lisent sur du papier de cèdre la masse opprime sa propre opinion et s’en débarrasse aux guichets des fonctionnaires la ville endormie est allongée derrière ses volets à la musique du privilège loin dans ses faubourgs immergés des tours s’enracinent à la source ensablée des péniches sur les bords du fleuve s’invectivent des couples bernés à coups de fusils d’assaut lancés à leur poursuite c’est la fin de l’amour il pleut des termes orageux sous les maux de la répression pure folie résister est un langage d’un autre temps

Alice est retombée dans une autre enfance à l’envers son corps d’adulte est pris entre deux feux la passion raison enjambe les dimensions plient sous l’effort du carcan solaire les poignets aux mains de tortionnaires elle n’ira pas jouer à la poupée tant que l’ogre la déflorera il n’attend que ça à lui conter la vie dans le fond d’une baignoire bondée sous l’œil d’une foule de voyeurs invétérés et cruels aux manches mouillés de sueurs froides ah l’espèce humaine tant attendue dans les salons de l’hypnose collective et de la propagande fleur bleue

Ci-gît l’espace d’un instant miraculé l’évadé parle encore du trou de la serrure le texte est inaudible se penche une oreille attentive débarrassée du cerveau de la peine et de l’effroi tout est si confortable à ne pas croire ni penser quand des autoroutes d’esclaves se pressent sous les fenêtres de la mariée contrariée elle est prise dans le tourment de ses rêves honorifiques dans ses toilettes d’enfant messianique un serre-tête en forme de serpent et un crapaud pour monture au milieu du passage de l’autre côté de sa mère

L’oubli aura-t-il joué son rôle salvateur ou se sera-t-il mué en obligation servile au préfet de la discorde d’appuyer ses dires sur le crâne du macchabée maintenant qu’il obéit à la loi du plus fort au fond d’une rigole sanguinolente qui ressemble à un drain médical purge les soucis du plaignant heureux du banc devant l’accusé s’agenouille de honte avant de se métamorphoser en nain puis en premier de cordée sur les montagnes de la vérité non il n’abandonnera pas la place d’excellence que lui réserve la postérité du héros mort

Que dit-il celui qui croit être et qui n’est rien il pérore aux temps des moissons debout sur la charrette ah tu peux bien convoquer des souvenirs d’enfance personne ne t’écoutait dans le brouhaha des voix besogneuses comme aujourd’hui les faux astres instruisent des pensées de fiel descends de ton perchoir animal fantasmagorique tu voudrais que les peuples s’assagissent ou se révoltent il te faut choisir l’outil adéquat pour trancher des gerbes d’idées fossoyeuses elles ne poussent pas toutes seules derrière les camions d’immondices que charrie la société

La belle catin au doux regard licence tes sens tu plies au verbiage altéré dans un mélange de vin et du ferment mensonger cela te plait tu n’as rien à envier au vil esprit des charades à tiroirs regarde Hildegarde aux beaux seins te raconter la vie dans un hoquet de femme bourrée ah la lie jusqu’à la garde d’une épée trempée par erreur dans le brasier corrompu des hommes-loi comme un baquet d’eau bouillante refuse de frissonner il est l’heure de te laver à l’eau claire mais tes yeux savent-ils faire la différence entre la lumière et la boue

Il fut un temps où tout ceci avait l’importance des roses même la puanteur est devenue l’adage et les sermons d’hier reviennent à la charge comme les batteries usées de cuisine ornent les cimaises de salons obscurs je sais le vent qui vient dessous et repart de côté quand des masses rectilignes se mesurent à l’aulne de leur fierté dégingandée pauvres vermisseaux entiers promus au couperet des célébrités lâches comme des lacets mal faits qui serrent et compromettent des étreintes ô combien plus seyantes

Ne riez pas la sentence est prononcée contre vous et vous la répercutez sur vos progénitures du centre de vos familles enchaînées aux spectacles monstrueux comment vous ne le saviez pas vous pensiez sincèrement que les fantômes de votre gloire passée avaient déserté le plateau pour les plaines sulfureuses des écoutes téléphoniques laissent des traces de vos peurs et de vos angoisses ils s’en servent quand ce ne sont pas elles envers et contre toute riposte sincère ou niaise ce n’est pas le sujet quand il s’agit de pleurer trop tardivement

Avec ou sans vous j’irai au bout de la corde comme un premier né des steppes hurlantes le voyage a commencé derrière la vitre l’opacité du vide réel est crevé et des pans nombreux de la Fortune s’enlisent dans le feu nourri d’une armée d’imbéciles prêts à tout gâcher au nom de vaines croyances au fond desquelles des galaxies de chapelles tiennent des discours perplexes et douteux uniques traces d’opacité que vous savez suivre sans imaginer une seule fois que vos souliers salissent l’airain de la dignité

M’arrêter en si bon chemin à l’heure où les tributs s’amoncellent sous mes pieds est hors de question me voilà riche d’illusions vraies et je les brandies tels des sarcophages ouverts sur l’histoire du futur il n’est plus question de tergiverser c’est l’issue fatale et merveilleuse que de vérifier sans crainte que la marche nuptiale de l’honnêteté et de la bêtise vont de pair avec l’équité quand bien même cette dernière est toujours dans la queue des victimes et tente à tombeau ouvert d’arriver toujours à l’heure.

 

 

La revue TRAKT

Petit effort de mémoire…

Non, je n’ai que très rarement sollicité les services des éditeurs, sinon en vain, sauf une fois chez une éditrice jeunesse franco-allemande. Mais avec le recul, je m’y suis souvent très mal pris. De toutes les manières, il est aujourd’hui notoire que la profession est truffée de filous. Il n’y a qu’à lire le récent rapport Racine pour s’en faire une idée précise. Pour autant, les points visés par ce rapport sont restés lettre morte auprès du gouvernement. Les lobbys éditoriaux ont le bras long. En conclusion, il ne fait pas bon être auteur en France.

 Pour les revues, c’est différent. J’ai constaté qu’il est inutile de leur envoyer des textes, à moins de connaître les personnes qui s’occupent de leur rédaction. Ce sont en général des domaines où s’exercent des amitiés liées par leur passion sur tel ou tel sujet. Ce qui n’empêche pas, parfois, qu’un envoi soit reconnu et publié, comme cela m’était arrivé il y a une vingtaine d’années dans la revue poétique Passage d’encre, grâce à Christiane TRICOIT — Christiane nous a malheureusement quittés en 2017 — qui avait aimé et publié l’extrait d’une pièce de théâtre que je venais de terminer : Walt Disney (post) Productions.

Avant, quelques participations à des fanzines m’ont cependant assez influencé pour tenter plus tard l’aventure éditoriale et m’autoéditer. Si la diffusion reste intimiste, cette méthode permet une liberté d’écriture pleine et entière, ce qui est loin d’être négligeable dans les temps troubles et obscurs dans lesquels nous nous enfonçons.

Dernièrement, j’ai créé La revue de RED RIDER ; un douze pages de format A5 tirées sur ma photocopieuse pour le compte d’une association culturelle : Cavalier Rouge. Un petit travail pour lequel nous sommes parfois quelques-un.es à bidouiller des images et des textes sur la situation artistique à Tours, notamment sur les Chantiers de la Création devant la Maison d’En-Haut de la Tranchée, une animation hors norme mais hors sujet dans cet article.

RED RIDER vu par Jocelyn-Joce Herbelot – 2020

Encore que non ! Ces Chantiers ne sont pas si hors sujet, puisque c’est grâce à eux que j’ai continué une discussion entamée avec Sébastien Russo aux ateliers de la Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps, où j’avais été invité par mon camarade NENTAL à exposer ma production littéraire avec Méséditions.

Nous n’avons pas toujours idée des talents qui nous entourent, parfois à seulement quelques rues de chez nous. Ces Chantiers nous ont réunis et nous ont permis, à beaucoup, de nous reconnaître. Aussi, quand Sébastien m’a proposé de participer à la revue TRAKT, je n’ai pas hésité. Vu la qualité éditoriale et graphique de cette revue d’art brut et singulier, ma participation rejoint des grands noms de la création actuelle et circule dans les murs prestigieux de quelques musées de grande renommée. C’est plutôt flatteur.

Flatteur parce que Sébastien est un artiste qui fourmille tellement d’idées que j’ai l’impression de courir derrière un géant. Son parcours n’est pas atypique, il est celui d’un homme frappé par un certain nombre de maux mais qui ne s’est pas laissé abattre pour autant. A la suite d’un accident idiot, j’ai découvert ce que cela signifiait d’être handicapé. Et pourtant, malgré des difficultés que nous aurions peine à imaginer, nous autres êtres normaux et bien-portants, Sébastien, dans sa magnifique revue en couleur, révèle au rythme d’un métronome des talents à travers toute la France. Chapeau !

Sébastien RUSSO photo Céline SECOUET

Le plus important pour moi, à travers l’écriture, à travers les Chantiers de la Création ou de l’écriture, c’est de trouver sur les chemins de l’existence des personnes avec lesquelles nous pouvons faire évoluer des idées, des envies, des utopies. Grâce à la revue TRAKT et à Sébastien Russo, j’ai l’impression que des portes s’ouvrent. Sur quoi ? Sur la suite de nos et de vos aventures très certainement.

C’est pour ça que pense aux géants que nous croisons et que nous ne voyons pas. Ce n’est pas une question de taille.

Et comme je ne suis pas le seul à le penser, aux noms de celles et ceux qui admirent ton travail et apprécient ta générosité, merci Sébastien.

Toute l’actualité de l’Art brut et singulier est dans TRAKT

* * *

COUVRE-FEU

Hier soir
Je suis sorti après l’heure
Je revenais de l’amour
Au diable le couvre-feu
Je ne crois pas les médias
Je n’écoute pas le roi
 
Ma voisine a invité ses voisins
Je les ai vus par la vitre du nouvel an
Ils ont porté un masque toute la soirée
 
Le magasin fait la police
Ses employés demandent des identités
Des pass’ports médicalisés
Et des bulletins de santé
 
Aux rayons du supermarché
Les clients aussi font la loi
Les vieilles et les belles mères
Et les délateurs en tous genres
 
N’importe quel prétexte
Est bon pour des sévices
Punir et condamner
Cette obscure humanité n’a
Jamais été aussi heureuse
 
L’agent est sous serment
Il mentira, il cognera
Tout lui sera pardonné
Il n’aura pas besoin
D’aller à la mosquée
 
Il est l’heure grave des familles
Elles couvent des maladies
Confinement
Enfermement
Fermement
Mensonges
 
Des secrets d’État circulent
Ils vont et viennent sur les écrans
Les chefs ricanent
Comme à la mascarade
Leur sort nous est dicté
 
Les bambins sont muselés
Ils respirent en-dedans
Leurs petits poumons s’enflent
De cochonneries peu aériennes
Et le visage de leurs parents
Disparaissent derrière le voile
De l’obéissance
De l’ignorance
De l’opulence des pharmaciennes
 
Les ados
Leurs destins dos à dos
Sans dents, sans lèvres
Interdits de sourire
Privés de visage
Cachant leurs sentiments
Et leur ressentiment
Dans la distanciation
 
Le vaccin inocule un poison
Le poison se répand
Il n’avait pas assez voyagé
Aux dires des labos
Et des gouvernements
Peu diserts sur la question
De leur collaboration
ni de leurs revenus
 
Mon chien aboie aux passants
Il devrait monter la garde
Devant la télévision
Pour écarter la propagande
 
La culture est en danger
« Laquelle ? demande l’auteur
Celle du compte en banque
Des officiers du Ministère
Et de leurs subalternes ? »
 
La presse est surveillée
Par ceux-là mêmes
Qui la rédigent
La dévotion couve les rotatives
D’une encre frelatée
À goût de sang contaminé
 
L’histoire se répète
Les puissants se protègent
Les faibles se confinent
 
Attends
Entre les murs
S’éveillent des résistances
Elles seront debout dès l’aube
Sous des portiques glorieux
Encore un peu de temps
La vérité sera toujours
Gagnante
 
Ce matin
Ma couche est inondée
Ton ventre ensoleillé
Au diable le couvre-feu
Je ne crois pas les médias
Je n’écoute pas le roi
 
michel pommier
1° janvier 2021
Devant la Maison d'En-Haut de la Tranchée
Les Chantiers de la Création
Tours

Merci à Paskal Chottard pour son accompagnement amical à l'harmonica. 

Vidéo de la lecture :
https://www.facebook.com/annie.chottard/videos/10223698377838352

Paskal Chottard à la clarinette le 27 juin 2020 pendant les Chantiers de la Création – Tours
Samedi 2 janvier 2021 – Déjà un trente et unième chantier de la création – La culture n’est pas en danger, elle est vivante. Ici avec un tableau en cours de sertissage de Nico Nu

 

 

Les Artistes et les Auteur.es de Touraine vous souhaitent une valeureuse année 2021 et vous donnent rendez-vous tous les samedis aux Chantiers de la Création devant la Maison d’En-Haut de la Tranchée à Tours

 

.

 

Match Bar

Propos : l’idée majeure réside dans l’intégrité que je porte à l’autobiographie.

Il aurait été plus élégant pour ma fierté de relater certains faits avec ce qu’il faut de poudre aux yeux pour passer le cap du jugement, de me rehausser vis-à-vis de circonstances où je me suis mal conduit par manque de courage, bêtise ou naïveté. Faits irréparables, j’ai cependant trouvé dans la rédaction de « La part de Londres » un exutoire efficace à ces mésaventures au plus près de la culture bar londonienne.

Je crois dans le fond que j’ai adoré cette période, avec du recul bien sûr. C’est étrange comme les moments les plus intenses de la vie peuvent devenir des marques auxquelles il est bon de se référer pour mieux se comprendre.

L’écriture sur soi-même participe de cet élan vers la sagesse que chaque être raisonnable cherchera à obtenir. Il n’y a pas de petites expériences, nous sommes tous doués de facultés extraordinaires qu’il nous appartient de mettre en action.

Aujourd’hui, en feuilletant les pages du Net, j’ai retrouvé plus ou moins par hasard la trace de Jonathan Downey, mon ex boss chez Match. Dans un article de Ian Cameron que j’ai chopé sur le site de l’excellent  » Difford’s Guide », il avoue et je cite : « … particularly in relation to friends and colleagues doing foolish things, Idon’t think I have been honest enough. », et j’en prends acte. Voilà au moins un patron qui fait son méa culpa.

Ah, très important, à part deux ou trois mauvais personnages, dont je me délecte de brosser le portrait, je n’ai pas de rancœur particulière : tout ça participait à ce que l’on appelle un job. Ces tranches de vie sont de la matière à une écriture qui reflète des sentiments consignés au jour le jour dans un journal.

***

MATCH BAR

(Extrait)

Match bar Clerkenwell

Les semaines passèrent sans qu’aucun de nous ne vît venir le plus petit penny. Certains soirs, pour compenser ou pour nous maintenir en éveil, Jonathan nous emmenait tous dîner dans un restaurant du coin. C’est toujours difficile de juger quelqu’un, mais j’avais l’impression qu’il surfait au-dessus de certaines réalités. Si l’un de nous, profitant de l’occasion, tentait de brosser le tableau de notre condition, la discussion glissait. Jonathan avait le don de faire dévier la conversation dans la banalité la plus déroutante et de l’y laisser. C’était un don, une nature en soi et j’étais sûr qu’il ne le faisait pas exprès. Un Anglais bon ton, toujours très bien habillé, en costume cravate de belle facture ou en sportswear de marque, le cheveu arrangé et le menton aussi poli que son langage raffiné. Le type même du gars sur lequel on croit pouvoir compter.

Omar, associé et valet de Jonathan, restait concentré sur les travaux et ne semblait guère disposer à nous considérer autrement que comme de la main d’œuvre à sa disposition. Nous avancions tous dans l’incertitude, cramponnés dans la souffrance d’un travail exténuant et toujours tardif dans l’espoir que ça marche.

Ali supportait déjà moins la galère dans laquelle nous nous étions fourvoyés. Il m’invita à passer un soir chez lui, un espace sans confort, sans meuble mis à part un bout de banc près d’une table sans âme où il m’évoqua des souvenirs à demi-éteints. Il portait sur lui la photo d’un fils qu’il ne voyait jamais et qui lui manquait. L’enfant était parti avec sa mère en Irlande où Ali n’y aurait pas été le bienvenu. Malgré ce drame familial, un rire immense et communicatif, presque fou, ne le quittait jamais.

Sylvie, à l’inverse, était une femme accomplie. Elle vivait près de Camden dans une maisonnette avec jardin, son copain bossait, ils avaient des projets. La normalité dans toute sa splendeur, l’acceptation banal des aléas, quels qu’ils fussent.

Giovanni était sans doute le plus ambitieux de nous tous. Il considérait Match comme un tremplin. Le garçon était beaucoup plus malin qu’il en avait l’air. Il s’entendait trop bien avec Omar, qu’il séduisait avec sa belle gueule de rital et ses gestes enfantins et gracieux.

Quant à moi, je fatiguais. De plus, sans raison apparente, ma jambe gauche se mit à me jouer des tours. Le jour j’avais du mal à marcher et je claudiquais, traînant une douleur insupportable qui m’empêchait de dormir la nuit. Je serais allé voir un docteur si, par intermittence, la douleur n’eût disparu. Omar, un jour où il nous avait conduits, Giovanni et moi, dans un magasin de Soho pour que nous choisissions des tenues, m’en avait fait la remarque sur un ton si déplaisant que j’eus l’impression qu’il aurait souhaité que ma jambe lâche.

Les jours suivants ses paroles ne se firent pas plus tendres. Dans sa façon de s’adresser à moi quelque chose n’allait pas. C’est alors que je compris qu’il me détestait. Seulement voilà, il s’avéra très vite que, devant l’état d’avancement des choses, j’étais un maillon indispensable ― au moins pour un temps. J’étais celui qui menait ses rêves sur la bonne voie.

Nous passions la majeure partie de nos journées au travail, commençant tôt, terminant tard, et ne dormant que deux ou trois heures avant d’y retourner. Dans l’impossibilité de me payer le taxi après le passage du dernier métro, je marchais jusqu’à St Pancras, soit un bon mile, où, avec du pot, j’attrapais un bus de nuit. Jamais assez couvert, je souffrais de ces froids retours, souvent pluvieux. Une fois, en rentrant, titubant de fatigue dans mes escaliers et à deux doigts de tomber, je perdis l’équilibre. Vacillant, je me cognai l’épaule contre le mur et me tordis la cheville en dégringolant quelques marches. Méditant cet incident, j’en parlai le lendemain avec Ali. Logé à la même enseigne, mon collègue marocain, plus proche de l’Irakien que je ne l’étais, osa lui en parler. Omar fut bien obligé de reconnaître que nous ne pouvions continuer à ce rythme et, non sans rechigner, il dut finalement nous défrayer de nos trajets nocturnes, que nous faisions désormais en mini-cab.

À suivre…

Eakin & ILana chap. 97 à 103

LA MAGICIENNE

Dans ce dix-neuvième opus des aventures d’Eakin & Ilana, nous suivrons surtout Eakin à partir de son départ du monastère de « L’Homme dépêché par les Esprits de la Montagne », chez lequel il se sera remis de ses blessures durant l’ascension de l’Elbahra. 

Après avoir assisté à un concert d’Adama dans la cité de Nalasur, notre héros se dirigera vers le port où il croisera de façon fortuite la route d’Uldric, son ami comédien qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années.

Apprenant que les fiançailles d’Ilana avec le roi Kristian, puis que sa liaison avec son cousin Endu ne sont que des rumeurs infondées, Eakin en émettra cependant de sérieux doutes.

Reprenant sa route, Eakin poussera la porte d’une taverne dans laquelle il rencontrera M. Diruité, un négociant prêt à le prendre à bord de son bateau pour lui faire traverser la Grande Mer. Soûl comme une givre, loin de trouver chez Diruité celui qui le ramènerait vers les Anciennes-Terres, Eakin se verra enchaîné au mât de misaine du Joli Rouge, une goélette truffée de pirates.

Découvrant chez son prisonnier une âme de poète, M. Diruité, en réalité le fameux capitaine Vogler en personne, fera libérer le jeune homme et lui offrira l’hospitalité.

Après moult verres de rhum à discuter dans le carré du capitaine, le Joli Rouge sera pris en chasse par deux bricks de guerre venus d’on ne sait où ni pourquoi.

Trop près des terres pour lui faire perdre du temps, et sans doute la vie, Vogler impose à Eakin de quitter le navire et de rejoindre la côte à la nage.

Mais je vous en ai déjà assez dit. Si vous voulez en savoir plus :

Lisez les aventures d’EAKIN & ILANA

 

Un roman de cape et d’épée dans la (presque) grande tradition du genre

***

 

Le poète évadé

A lire en écoutant la musique de Blade Runner

Il s’est éteint à l’instant de l’étreinte
Allongé sur les marches teintes
Des pétales de la vie
 
Arrêtée sur l’étendue
La terre a versé
Avant que ne lui échappe
Le sens du mot perdu
Dans le cœur du péché
 
La nef s’est écrasée
En silence
Elle avait la forme d’un oiseau
Elle gite tel un vaisseau triste
Au milieu de congénères
Croulant sous leurs voilures
Alignés au bout de la piste
Penchés comme des roseaux
Leur acier en panne d’azur
 
Par chance
Le ciel rayonne
Il avait oublié la gloire
La prairie époumone
Son poitrail de femme superbe
Que caresse le vent dans l’herbe
L’air résonne à l’écho d’une plainte nue
Ecorchée de vertu
Dans le feu de l’errance
 
Des couloirs et des ascenseurs
D’un côté les élus
De l’autre les autres
Plus pauvres que l’apôtre
Leur fiche d’identité en main
Défiant la dignité
À la face des censeurs
 
La pluie a fondu
Le lit de mon fleuve
S’écoule dans son sablier
Une femme brasse les flots mouillés
Ivres de ses tendresses
Et baise un sol envieux
 
Aux quatre coins des banlieues
Le long du champ aux tombes
Des minotaures jaloux lancent des cailloux
Entre le cygne noir et la blanche colombe
Ils tournent en rond en cercle
Et dans la stratosphère
Ils ont vu la ruine des familles
L’incendie fraternel
Et l’espoir impossible
Des retrouvailles charnelles
 
Des allées insignes
Aux mails de nos mémoires
Où nous ont parlé nos pères
Des prairies de soleils
Où s’endormaient des enfants amoureux
Lui sur elle sous lui, et ils recommençaient
Chaque nuit, à l’envers, autrement
Les masques du jour et ceux du mensonge
Honnis par l’amour et l’amant
 
Bois le sang rongeur
Balancé au bout d’une corde
J’entends le bruit numérique
Les sabots virulents de la horde
Des sauveurs !
Il leur faut des sauveurs
À grands cris
Grandiloquents de fureur
À l’ère de l’heure nue
 
Les chiens du prince sont à la fête
Ils dévorent des sacs mortuaires
Des festins graves inondent les foyers
Des blouses cravatées pillent les marchés
Il n’est plus de miroirs
Il est temps de faire briller l’humanité
Et de boire sa propre pisse
Jusqu’à la lie du dernier suaire
 
Il n’y a plus de trous pour enterrer
Implore l’épouse infortunée
Son enfant est allongé
Mari, père, prière
Ils sont tous là à errer
Dans cinquante centimètres carrés
Entre le sacre et le fils
 
Moi je vais mourir
Je n’ai rien souhaité
Moins encore obtenu
Pris voulu arraché tenu
Comme le souffle court du condamné à vie
Enfle jusqu’à la mire
Le sexe en état de bonheur
Le voici face à l’âge adulte
À sa fenêtre de tir
 
L’art
Il n’est pas de néant plus accompli
Au sein de la sagesse
Par-dessus les plaines de mon enfance
Aux moissons de juillet les baisers de ta bouche
Je vois encore ce garçonnet
Plein de taches de rousseur
Je l’entends rire et courir
Dans chacune de mes larmes
Parmi les moissonneurs
Elles portent l’une ou l’autre les rives d’antan
L’opéra dans les yeux de ma mère
Et le piano au son de sa voix
 
Le poète a vu
Aurore aux doigts de rose
L’Apocalypse est attendue
Un disciple l’a dit
Le Prophète en jugera
Au milieu des crachats
De ces trois-là, qu’il ose le premier
Ses frères l’ont trahi le torturent sans cesse
Il renaîtra de leur impiété
Il est l’unique croyant en voie d’apparition
Sans trompette ni estafette
Juste un siège de pierre où s’assoient ses fesses
Là, ses doigts d’or et son esprit de chair
Ecrivent et gravent au centuple
Des vers d’exception
Pour relever de l’infamie
Le pain de l’amitié et de l’inimitié                                               

***

Sur « Les ÉCLAIREUR.ES » II

Le présent était imprévisible et il le restera. Pourtant, tous les curseurs géopolitiques s’affolaient au point d’être au rouge carmin en 2019. Un peu partout autour de la Terre, les gouvernements sont conspués pour leur mauvaise gestion du bien commun et pour leur corruption. Ce mouvement planétaire de désobéissance se heurte à la violence policière, partout.

Il devient plus que jamais nécessaire de résister et de désobéir par tous les moyens aux différentes formes de contrôle qui se mettent aujourd’hui en place. Elles ne se cachent même plus pour installer leur matériel de surveillance dans les villes. C’est notable durant les élections, des gens votent pour plus de sécurité, plus de police, plus de caméras, au détriment de leur liberté individuelle et de celle de leurs enfants.

Si je n’ai pas beaucoup de sympathie pour ces défenseurs du système carcéral qui s’étend d’Ouest en Est, force est d’accepter que l’humanité doit composer avec eux, malgré leur trahison perpétuelle. Dans cette optique, l’idée de fraternité est difficile à conceptualiser, à moins qu’elle appartienne plus spécifiquement à des conglomérats occultes se réservant les biens communs.

De même pour l’humanité. Qu’est-ce que c’est ? Des milliards d’êtres humains dont je n’ai pas croisé les yeux de plus d’une poignée d’entre eux. Quel amour de mon prochain quand celui-ci, dès qu’il dispose d’un semblant de pouvoir, tend par tous les moyens à contraindre son voisin, son employé, son serviteur, et souvent sa propre famille ?  Quelle compassion pour des peuples esclaves et bourreaux de leur condition et de celle des autres ? Ces questions de l’empathie pour la race humaine interroge jusqu’à mon existence.

Qu’ai-je, enfin, à donner, à apporter à des êtres si lointains dont quelques-uns, assez proches de moi, dédient leur vie à l’exercice coercitif du pouvoir, c’est à dire à la répression. Ce phénomène s’insinue jusque dans les milieux culturels qui, sous prétexte d’accessibilité, encensent des élites exerçant des pouvoirs purement intellectuels sur des masses qu’elles méprisent.

Les Éclaireur.es sont parmi nous.

De fait, à tous les niveaux de nos sociétés, les rouages démocratiques se grippent au profit d’un réseau mondialiste sur-protégeant ses intérêts particuliers. Nous voyons bien aujourd’hui, en ce premier trimestre 2020, à quel point le lobby de l’industrie pharmaceutique est cruel et n’hésitera pas à sacrifier, ou laisser mourir, des millions d’individus, femmes, hommes et enfants, pour parvenir à engranger sur le sort des survivants des sommes colossales.

Et les dirigeants des pays suivent, presque tous, dans cette course à l’armement juridique, économique, chimique, policier, contre les peuples, contre vous, contre moi.

Dans ces perspectives des moins souhaitables mais malheureusement probables, l’auteur dispose de peu d’outils, à défaut de parler d’armes, pour débouter la prétention de ces seigneurs si enclins à vouloir instituer une nouvelle féodalité.

Les ÉCLAIREUR.ES sont un appel littéraire à la résistance, à la désobéissance, à la coopération, à l’amour, mais aussi au courage de la justice personnelle, à défaut d’être divine. Sans doute n’y aura-t-il pas de demi-mesure pour combattre les plus dangereux d’entre nous, ceux qui n’hésitent pas à assassiner, au nom de la démocratie, de la paix, de la concorde, et de Dieu encore et toujours, leurs populations.

Avec espoir, je tends à croire que mes personnages, réels ou fictifs, sont plus proches de l’être que du paraître et agissent pour la dignité de l’espèce, si elle le mérite. Après tout, si nous imaginions un instant que l’intelligence nous fasse subitement défaut et que nous ne sachions plus utiliser nos mains que pour marcher à quatre pattes, que serions-nous de moins que ce que nous sommes déjà ?

Nous avons besoin de désobéir et de réunir nos désobéissances, que ce soit dans les arts ou la littérature, la science ou la foi, afin de renforcer cette humanité souvent si ténébreuse, pour ranimer sans cesse et toujours l’espoir de la lumière.

***

Les ÉCLAIREUR.ES est mon quatre-vingtième opus publié. À l’heure où « l’humanité » est confinée et reléguée dans de nouvelles inégalités, publier en toute indépendance reste une source d’autonomie intellectuelle vitale. Je dédie cette publication à tou.tes celles et ceux qui s’insurgent contre l’ordre mondial profitant de cette période pour concevoir unilatéralement les dictatures de demain.

***

L’image mise en avant de l’article : « Anges de Sarajevo » (1993) par Louis JAMMES, éclaireur de notre époque. Plus bas, deux illustrations différentes pour un même opus grâce également à la gentillesse de Yann LAYMA.

***