Souvent…

Souvent, on lui prodiguait l’hospitalité, par tradition ou par générosité. Parce qu’il venait de loin, on lui posait moult questions. On voulait savoir ce qu’il y avait de l’autre côté du désert, personne n’en connaissant l’au-delà. Alors Eakin racontait les paysages, les villes, les inventions et les techniques ; il expliquait les coutumes, décrivait les parures, parlait de l’art et, pour captiver son auditoire, il brodait une histoire, la sienne, et mettait en scène décors et personnages, afin de rendre sa narration plus vivante.

Lorsque d’aventure il entendait un musicien jouer d’un instrument, à corde ou à vent, taillé dans un os ou fait de planchettes grossières, il allait fredonner avec lui des airs d’inspiration. Des jours de fêtes, tels qu’il y en a dans tous les villages, il écoutait les chants et se laissait aller à ces folklores du bout du monde, s’émerveillant des danses où s’alignaient les plus jeunes. Partout un même accueil lui montrait de quelles couleurs la montagne savait se parer et de quelle façon, dans ces régions délaissées, mais heureuses et fières, les populations supportaient dans la gaieté les peines de leurs harassants quotidiens.

Eakin & Ilana chapitre 86