RAINBOW par Mark HOLLIS

 

« On a tous dans le cœur… »

Air connu.

Au début des 80, moi je bosse dans un bar.

Un bar cocktail, s’il vous plaît, pas un rad de quartier, un troquet à la mode quoi, je donne dans la « mixologie », comme on dit aujourd’hui, une scène jazz, aussi, où jouent des groupes le soir, avec une collection de standards à la hauteur, nous allumions les premières lumières de la nuit, Pims’ royal à l’apéro et le cristal en magnum des grands soirs sur les coups de minuit,  si tu vois. Sur la platine, les vinyles de Sonny Rollins, John Coltrane, Annie Ross, Dave Brubeck, Count Basie, Aretha Franklin, Nina Simone, Art Blakey, Charlie Mingus, Billie Hollyday, Thelonious Monk, Miles Davis, Wayne Shorter, Stan Getz, Johnny Griffin, Quincy Jones, sans oublier les plus grands que vous avez en mémoire, impossible de les nommer tous. Que du beau monde.

Seulement voilà, nous sommes en 1981 et la scène New Wave débarque remisant pour un temps les Stones, Pink Floyd, Bowie, le couple Lennon/Mac Cartney au fond des bacs. Joy Division a déjà changé la donne, et ce sont les Cure, les Stranglers, New Order, Simple Minds, U2, Art of noise, Echo & the Bunnymen, Joy Division, Siouxie and the Banshees, Eurythmics, Depeche Mode, This Mortal coil, et sans là encore me lancer dans une liste forcément incomplète, j’irai direct à Talk Talk et Mark HOLLIS, malheureusement disparu à l’âge de 64 ans en 2019.

Spirit of Eden

J’ai toujours eu un faible pour un album plus tardif, Spirit of Eden, qui date de 88, d’inspiration quasi jazz puisqu’il s’agit d’une approche expérimentale laissant sa part à l’impro. L’effet planant est assuré, mais pas que, il flotte un message poétique assez mystérieux qui n’est sans doute pas tendre avec les impressions du chanteur sur son temps.

J’ai simplement retenu pour vous les quelques vers de Rainbow, qui semblent si légers mais qui à mon sens en ont gros sur le cœur.

* * *

Rainbow

Oh yeah
Le monde est à l’envers

Jimmy Finn s’est évadé *
Ce n’est que justice

Indulgence !
L’air que chante le magistrat
Donne tort à notre nation

L’impossible vérité
Trahison 
Et son irrédemption

Sache que j’ai fauté
Joue, geôlier
Mon temps est compté
Au son de ta victime

Le tribunal est vide
Le procès se consume

* * *

* Jimmy Finn ? Est-ce plus une idée qu’un personnage ? Une métaphore, une victime christique, une dimension eschatologique de la condition humaine prise dans les rets de sa réalité, de la loi ?

Jimmy Finn est-il ou a-t-il été Irlandais, comme son nom peut le faire supposer, n’est-ce pas, tant de groupes britanniques ont chanté l’Irlande ? Et on peut les comprendre, comme nous en France devrions chanter les Kanak et mépriser l’oppression des loyalistes.

L’Arc-en-ciel est à ce point lointain, camarades, et le paradis une notion élevée vers un chemin parcouru de chefs d’accusation qui alourdisse notre vie entière.

Quelle rédemption ?

* * *

#New wave

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