27 décembre 2025
LITTERATURE CONSCIENTE
La juxtaposition de ces deux mots m’est venue tout récemment en parcourant d’anciens textes de ma composition et en les comparant avec de plus récents, en tâchant de saisir comment les uns ont influencé les autres, s’il y avait une continuité ou un sens qui aurait pu m’échapper ou tout simplement si une idée générale était cachée derrière ou enfouie dans cette production somme toute assez importante puisqu’elle s’étale sur une période de presque quarante années.
De la même façon, j’ai observé d’un peu plus près le contenu de ma bibliothèque pour voir si là aussi une orientation prédestinait ma pensée, que ce soit dans mes romans, mon théâtre ou dans ma poésie. Il m’a semblé ainsi qu’à travers un certain nombre d’ouvrages j’ai rencontré des auteurs dont les textes, ou travaux, reflétaient une aptitude très particulière à s’adresser à l’humanité afin de les conduire sur la face cachée de nos sentiments vis-à-vis de nous-mêmes, et par-là vis-à-vis de la compréhension du monde extérieur.
Que nous soyons dans la solitude ou dans la multitude, dans le profane ou le sacré, dans l’intime ou le pluralisme, dans le recueil ou l’action, j’ai aperçu chez chacun de ces écrivains ou collectifs d’écrivains, parfois même des prophètes ou des maîtres spirituels, des philosophes ou des scientifiques, une volonté de communiquer un message dans le but d’élever ce que nous appelons la conscience, sans que toutefois nous ayons tous bien à l’esprit ce qu’elle peut contenir ou signifier.
A priori, et ce n’est qu’une idée à creuser, certaines œuvres littéraires sont plus aptes à se déterminer en tant que formulation consciente de la pensée que d’autres, dont il peut apparaître que leur sujet ne soit pas particulièrement fondé sur une volonté précise mais erre dans des situations ne parlant que pour elles-mêmes d’un certain nombre de travers qui ne sont nullement régis par un objectif clairvoyant.
Sans préjuger de ma production littéraire, et sans bien sûr lui prétendre le moindre message messianique ou bien même conscientiel, je ne peux que m’interroger sur la manière dont je m’adonne régulièrement, hormis de larges digressions, à une recherche de cette conscience qui ne cesse de me faire défaut, peut-être, à moins qu’elle soit tout à fait présente dans l’ensemble de mes écrits et qu’elle vienne, peu à peu, éclairer mon existence et, toujours sans ambition définie, proposer un éclairage possible à mes lectrices et à mes lecteurs, comme j’ai eu parfois l’immense surprise de l’apprendre grâce aux plus attentifs d’entre eux.
Dans toute création il y a une part d’inconscience, mais je remarque avec une netteté de moins en moins floue que certaines productions de l’esprit, notamment dans l’écriture et dans l’exercice du Verbe, pour emprunter à Saint Jean, que certains textes ne sont que conscience de la part de leurs rédacteurs.
Ce sont ces œuvres de l’écrit que j’appelle littérature consciente.
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