25 février 2018
Le CLIFTON HÔTEL
Vingt-deux ans plus tard le voyage continue. Ce n’est pas a priori une obsession mais plutôt une interrogation dans le temps qui me livre au compte-gouttes des réponses sur une période donnée. Quelles étaient mes motivations ? Comment me suis-je adapté ? Ces questions et tant d’autres m’interpellent toujours, quitte à les ressasser. Cependant, ce passé constitue, pour moi et pour certaines personnes avec qui j’ai vécu ces moments, un passage qui continue à nous relier.
Le récit se déroulant sur trois années, de 1996 à 1999, j’ai néanmoins gardé jusqu’à aujourd’hui un œil curieux sur le développement de ce morceau d’histoire londonienne, liée très spécifiquement à l’univers de la culture bar et à quelques-uns de ses principaux acteurs et de ses principales actrices.
A travers cette autobiographie, c’est finalement un reportage sur une époque qui semble maintenant plus ou moins révolue, mais qui a laissé dans la mémoire de ceux qui l’ont traversée un souvenir intense et impérissable, à tel point que la presse continue parfois à en relater les événements les plus marquants.
Comme le dit Sylvain Tesson, l’écrivain voyageur, le journal intime est le meilleur terreau pour raconter un voyage, et c’est bien grâce à la rédaction quotidienne et à la récolte de documents, sur le tas, que j’ai pu reconstruire une narration plus ample et plus lisible, soit un objet chronologique et, je l’espère, assez vivant pour qu’il s’en détache une vérité.
Ce premier volume est une entrée dans un nouveau monde, en quelque sorte, un passage vers une situation sociale et culturelle radicalement différente de celle que j’avais avant de prendre un bus vers l’inconnu, mais aussi bien loin de ce que la France reconnait habituellement de son voisin d’Outre-Manche. J’ai choisi d’éditer l’intégralité de mon récit par tranches, pour répondre au caractère original de la micro édition et de sa diffusion intimiste, mais aussi parce que la grande édition, au moment où j’étais prêt à en céder les droits, n’a pas donné suite. Avec le recul, je l’en remercie, ces déconvenues m’ont permis de chercher des voies plus personnelles et, enfin, plus libres, que j’explore avec un plaisir inouï.
Avec le Clifton, première étape de mon incursion à Londres, c’est le moment où je crois avoir posé mes bagages, avant de les reprendre aussitôt pour passer à la case suivante. J’aurai tout le temps de monter en puissance, au fil des épisodes, et de passer d’un quartier à un autre, d’un lieu de travail à un suivant, d’une cuisine gastronomique au bar d’un cabaret de drag queen, d’une mission intérimaire à une situation durable. Les rencontres en seront le trait le plus marquant, j’y reviendrai, car les personnages, collègues, ami.es ou ennemi.es, sont le grand paysage de cette aventure.
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