7 octobre 2015
Dédicace en perpétuel mouvement
Plusieurs personnes, femmes et hommes qui font le monde libre, me donnent l’occasion de tirer sur le fil du débat sur la libre expression. Certains sont malheureusement morts au combat, pour quelques mots, quelques vers de trop, d’autres sont en prison et d’autres encore sont en sursis. Gageons que les prisonniers retrouveront le chemin de leurs foyers et que les sursitaires ne seront plus jamais poursuivis pour de telles peccadilles. Les absents resteront à jamais dans nos mémoires parce qu’ils ont donné leur vie pour un idéal qui concerne tous les êtres humains, celui de la liberté d’opinion, et par-là de la démocratie.
Raif Badawi, Saoudien, purge actuellement en Arabie saoudite une peine de dix ans de prison assortie de mille coups de fouet pour apostasie. Tout ça parce qu’il a osé parler librement en interpellant la royauté et qu’il a osé placer son propos loin de la domination des religieux. Ce qui m’interpelle aussi chez mon ami blogueur, c’est cette remarque sur l’extrême droite européenne, détractrice des acquis de la Révolution française. Pour diverses de raisons, je me sens très proche de Raif, et je ne peux que le soutenir. Courage.
Kaled Daoud est journaliste au quotidien d’Oran et porte ouvertement son combat contre l’intégrisme et la dictature algérienne. Interviewé récemment sur RTL, il a jugé notre liberté intellectuelle en-deçà de celle dont il jouit en Algérie, malgré une fatwa qui menace sa vie. C’est plus qu’une simple donnée, c’est un avertissement dont il faut absolument tenir compte. Jusqu’où, en effet, ne subissons-nous pas un déni de nos libertés fondamentales, notamment dans le domaine de l’expression ? La bien-pensance, dont se servent indifféremment les intellectuels de droite comme de gauche pour s’escrimer dans les colonnes de nos journaux et revues, cache une hypocrisie sans pareille. Est-ce de cela que Kaled voulait parler ? Je lui poserai la question.
Salman Rushdie a répondu aux attentats de Charlie hebdo avec un propos d’une force et d’une logique implacable, la liberté d’expression ne supporte aucune limite, sinon c’est autre chose, une chose inacceptable, cher Monsieur je suis d’accord avec vous.
Waleed al-Husseini, Palestinien, a été emprisonné pendant 10 mois en Cisjordanie en 2010 et torturé pour avoir renoncé à l’islam. Réfugié politique en France, il est l’auteur d’un blog et répond régulièrement à des invitations littéraires, dans lesquelles il ne cesse de défendre la liberté d’expression et l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce garçon courageux écrit, milite, dénonce, il est une voix nécessaire à notre démocratie quand celle-ci a déjà montré ce temps-ci quelques mouvements de fatigue.
Yoani Sanchez est Cubaine et reconnue mondialement pour ses articles sur son blog et son militantisme pour un Cuba vraiment libre. C’est bien compréhensible, elle use d’un style solide et vivant qui prend en compte la réalité en décrivant avec talent le délitement de la société cubaine. Elle est un remède à la léthargie politique de son pays ; pourvu que les événements en cours lui donnent enfin raison. Salut à toi Yoani.
Le 26 mai 2014, à l’issue de son procès ayant débuté en février 2014, le Tribunal d’Abha en Arabie Saoudite a condamné Ashraf Fayadh à quatre ans de prison et à 800 coups de fouet. Le procureur a fait appel de la décision. Le 17 novembre 2015, un autre juge au Tribunal d’Abha a annulé le précédent verdict, et a condamné Fayadh à mort pour apostasie. Ta lutte est la mienne mon frère.
Des migrants érythréens sont pris en otage à la frontière entre l’Égypte et Israël, puis retenus dans des camps de prisonniers où leurs ravisseurs les torturent. Les victimes doivent alors supplier par téléphone leurs proches, qui ont réussi à gagner Israël, de réunir une rançon exorbitante… La journaliste érythréenne Meron Estefanos révèle depuis Stockholm l’histoire de ses compatriotes dans une émission de radio en ligne et tente de mettre un terme à cette situation. (citation : ARTE)
Accusée d’espionnage, la journaliste syrienne Ruqia Hassan (connue sous le nom de Nisan Ibrahim), a été exécutée par le groupe djihadiste. Elle écrivait sur les conditions de vie des habitants dans les territoires syriens occupés par Daesh ainsi que sur les bombardements effectués sur Raqqa. Elle prenait part à toutes les protestations contre l’EI et était une fervente partisane de la révolution syrienne contre Assad. Elle n’a jamais raté une protestation anti-Assad. (Citation : Sans compromis)
Comme son personnage du bâtiment de pierre, Asli Erdogan rampe sur le sol aride de sa prison, parce qu’elle défendait les droits d’une minorité. la Turquie montre son vrai visage en la personne de son actuel dirigeant. Il existe en effet des hommes sur terre qui méritent cent mille fois de disparaître parce que la vraie lumière les empêche de briller de cette lueur obscure qui fait de leur vie et de leur existence l’enfer sur terre pour les âmes droites. (Asli Erdogan a été libérée le 29 décembre 2016 après quatre mois d’emprisonnement)
Le journaliste Jan Kuciak et sa fiancée Marina Kusnirova ont été abattus parce que le jeune homme écrivait sur la mafia. Cette jeunesse qui dénonce la corruption mérite-t-elle le châtiment de tueurs professionnels à la solde de lobbys criminels ? Certainement pas, mais aujourd’hui Jan et Marina méritent ensemble la gloire réservée aux martyrs de la liberté d’expression.
Zhera Dogan, journaliste kurde, peintre et militante en faveur du droit des femmes, aura passé plus de deux ans en prison pour avoir peint des drapeaux turcs sur des bâtiments détruits par l’armée d’Erdogan. Lauréate de nombreux prix pour la liberté d’expression, elle a finalement été libérée le 24 février 2019.
Arrêté le 11 mai 2014 pour avoir activement milité avec le mouvement Euromaïdan contre l’annexion de la Crimée par l’armée russe, Oleg Sentsov purge depuis une peine de prison qui l’aura conduit à faire une grève de la faim. Alimenté de force, il est toujours incarcéré et sa santé est critique.
Les vrais débats ne se trouvent peut-être pas dans les exercices codifiés de quelques doctes sortis de grandes écoles occidentales, mais dans les luttes quotidiennes de ceux qui ont souvent tout à perdre.
Si je devais dédier ce blog, ce serait à toutes celles et ceux qui tentent aujourd’hui d’apporter à leurs congénères, à vous comme à moi, citoyens du monde, l’espoir que l’obscurantisme ne vaincra jamais, que des voix s’élèveront toujours contre l’oppresseur.
Une pensée également aux associations qui défendent les droits de l’homme et de la femme, ainsi qu’à leurs membres, dont certains prennent des risques conséquents afin que nous soyons relayés d’informations fiables. C’est aussi grâce à eux que les auteurs, en écrivant pour la liberté, peuvent espérer que leur combat résonnera toujours et qu’ils ne seront jamais seuls.
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