16 juin 2025
Bruno SAULAY et la GEOCORPORALITE
L’invention d’un concept
Créateur en 1989 du concept de « géo-corporalité », Bruno SAULAY transmet par un cycle d’expériences un élargissement de la conscience, celle-ci passant par une matérialisation méthodique d’un vocabulaire plastique original qui évoque et invoque le spirituel dans l’art.
La méditation et la contemplation étant à ses recherches comme un souffle primordial, par-là, et de la manière la plus subtile, l’artiste interroge nos capacités humaines à ressentir, à entrevoir puis à accepter, par un jeu de formes ou d’archétypes, notre existence comme une présence sur et au-delà d’une cartographie dénuée d’un cadre défini.
Temps et espace, spiritualité et redéfinition de l’être au contact du dieu qui l’habite, la science et la philosophie s’entretiennent ensemble et en communion avec l’art. En s’augmentant mutuellement par une approche consensuelle, la perception que chacune d’entre elles ressent permet de repousser des frontières échappant au commun, aliéné dans les rets d’une civilisation qui repose sur la résolution « par défaut » des conflits qu’elle provoque.
Le processus sculptural entre alors dans ce que l’artiste nomme « environnements » et nous guide vers une autre assise de soi-même en se plaçant non pas uniquement au centre de ce qui nous entoure mais en entretenant également une relation vibratoire avec ce qui se conçoit en-dehors.
L’infiniment petit, notre intériorité et l’univers sont à l’orée de la matérialisation de la pensée, et nous sommes cette pensée.
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Sur l’intention
« Tout passe par l’intention. Que l’on soit assis sans rien faire ou bien que l’on soit en train de militer pour quelque chose, l’intention est primordiale. Marcher dans la rue et brandir des pancartes avec les autres, ça c’est la forme, mais l’action est l’intention. »
« Quand je médite contre la violence, contre cet “ humanicide ” si répandu dans certains pays, même assis et immobile sur mon banc de méditation, mon intention est présente. »
« Dans un schéma vibratoire, j’essaye de me réunir en compagnie d’intentions très éloignées d’un point de vue physique. J’essaye parce que tout le monde émet des vibrations, ce n’est pas qu’une question d’individu, ni même une question d’intention, d’ailleurs. »
« Après, Il faut savoir quoi faire de ces vibrations. Nous pouvons faire du jardin, y mettre une bonne intention et ensuite l’offrir à la planète, par exemple. »
« C’est parce qu’une intention les précède que ma sculpture et mes « environnements » existent. Cependant, puisque fondamentalement nous sommes dans un seul environnement, nous devons choisir le moment pour s’en écarter et intervenir pour communiquer. »
« Nous sommes tous dans nos salles de cinéma. Chacun croit à sa fiction mais ce n’est pas ça qui fait avancer les choses. Une fiction n’est rien d’autre qu’une illusion. Dans une salle de cinéma, il ne se passe rien, et quand on en sort, nous rentrons dans une autre salle de cinéma. C’est labyrinthique. »
« La rencontre avec la fiction des autres génère de la violence. L’environnement n’a pas d’intention, il était déjà là et il sera toujours là. Mais nous, nous sommes dedans, consciemment ou pas, c’est tout, mais de manière consciente fait la différence. »
« Chez Durkheim, l’homme s’identifie par son travail. Après, chacun choisit comment rentrer dans l’histoire. Notre époque est aussi à la mesure de nos intentions et des fictions dans lesquelles elle s’inscrit. »
Propos recueillis le 23 novembre 2023
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