La revue TRAKT

Petit effort de mémoire…

Non, je n’ai que très rarement sollicité les services des éditeurs, sinon en vain, sauf une fois chez une éditrice jeunesse franco-allemande. Mais avec le recul, je m’y suis souvent très mal pris. De toutes les manières, il est aujourd’hui notoire que la profession est truffée de filous. Il n’y a qu’à lire le récent rapport Racine pour s’en faire une idée précise. Pour autant, les points visés par ce rapport sont restés lettre morte auprès du gouvernement. Les lobbys éditoriaux ont le bras long. En conclusion, il ne fait pas bon être auteur en France.

 Pour les revues, c’est différent. J’ai constaté qu’il est inutile de leur envoyer des textes, à moins de connaître les personnes qui s’occupent de leur rédaction. Ce sont en général des domaines où s’exercent des amitiés liées par leur passion sur tel ou tel sujet. Ce qui n’empêche pas, parfois, qu’un envoi soit reconnu et publié, comme cela m’était arrivé il y a une vingtaine d’années dans la revue poétique Passage d’encre, grâce à Christiane TRICOIT — Christiane nous a malheureusement quittés en 2017 — qui avait aimé et publié l’extrait d’une pièce de théâtre que je venais de terminer : Walt Disney (post) Productions.

Avant, quelques participations à des fanzines m’ont cependant assez influencé pour tenter plus tard l’aventure éditoriale et m’autoéditer. Si la diffusion reste intimiste, cette méthode permet une liberté d’écriture pleine et entière, ce qui est loin d’être négligeable dans les temps troubles et obscurs dans lesquels nous nous enfonçons.

Dernièrement, j’ai créé La revue de RED RIDER ; un douze pages de format A5 tirées sur ma photocopieuse pour le compte d’une association culturelle : Cavalier Rouge. Un petit travail pour lequel nous sommes parfois quelques-un.es à bidouiller des images et des textes sur la situation artistique à Tours, notamment sur les Chantiers de la Création devant la Maison d’En-Haut de la Tranchée, une animation hors norme mais hors sujet dans cet article.

RED RIDER vu par Jocelyn-Joce Herbelot – 2020

Encore que non ! Ces Chantiers ne sont pas si hors sujet, puisque c’est grâce à eux que j’ai continué une discussion entamée avec Sébastien Russo aux ateliers de la Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps, où j’avais été invité par mon camarade NENTAL à exposer ma production littéraire avec Méséditions.

Nous n’avons pas toujours idée des talents qui nous entourent, parfois à seulement quelques rues de chez nous. Ces Chantiers nous ont réunis et nous ont permis, à beaucoup, de nous reconnaître. Aussi, quand Sébastien m’a proposé de participer à la revue TRAKT, je n’ai pas hésité. Vu la qualité éditoriale et graphique de cette revue d’art brut et singulier, ma participation rejoint des grands noms de la création actuelle et circule dans les murs prestigieux de quelques musées de grande renommée. C’est plutôt flatteur.

Flatteur parce que Sébastien est un artiste qui fourmille tellement d’idées que j’ai l’impression de courir derrière un géant. Son parcours n’est pas atypique, il est celui d’un homme frappé par un certain nombre de maux mais qui ne s’est pas laissé abattre pour autant. A la suite d’un accident idiot, j’ai découvert ce que cela signifiait d’être handicapé. Et pourtant, malgré des difficultés que nous aurions peine à imaginer, nous autres êtres normaux et bien-portants, Sébastien, dans sa magnifique revue en couleur, révèle au rythme d’un métronome des talents à travers toute la France. Chapeau !

Sébastien RUSSO photo Céline SECOUET

Le plus important pour moi, à travers l’écriture, à travers les Chantiers de la Création ou de l’écriture, c’est de trouver sur les chemins de l’existence des personnes avec lesquelles nous pouvons faire évoluer des idées, des envies, des utopies. Grâce à la revue TRAKT et à Sébastien Russo, j’ai l’impression que des portes s’ouvrent. Sur quoi ? Sur la suite de nos et de vos aventures très certainement.

C’est pour ça que pense aux géants que nous croisons et que nous ne voyons pas. Ce n’est pas une question de taille.

Et comme je ne suis pas le seul à le penser, aux noms de celles et ceux qui admirent ton travail et apprécient ta générosité, merci Sébastien.

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