PROMESSES

(Extrait)

Au nom des uns désaccord conflit au rang des autres il chute des mots plein d’espérance incomprise au son de cors de chasse tenus par des hommes noirs ils sont tenus d’exécuter quiconque leur chef a dit l’homme du trottoir est battu comme ce sol de poussière qui l’a vu naître ses membres meurtris au bleu de sang impur sous l’étoile du destin qui sépare la femme de ses enfants et la famille dans des trains de fer fuyant sous l’autorité des damnés en redingote à boutons dorés

La limaille s’insinue de scories l’outil ne répond qu’aux prosélytes j’ai œuvré de bon matin fou de joie à la patience quand des urgences ont fondu sur un peuple à pied les sirènes ont hué des noms à la queue-leu-leu jusqu’aux sommets de mâts de cocagne garnis d’épingles elles entrent dans la chair du monde le cri s’irrite du chuintement des palais brossés par des architectes concupiscents leurs flèches atteignent des hauteurs inexpugnables où des protecteurs ventrus sont à la table d’aveugles volontaires et aguerris

Les rédacteurs lisent sur du papier de cèdre la masse opprime sa propre opinion et s’en débarrasse aux guichets des fonctionnaires la ville endormie est allongée derrière ses volets à la musique du privilège loin dans ses faubourgs immergés des tours s’enracinent à la source ensablée des péniches sur les bords du fleuve s’invectivent des couples bernés à coups de fusils d’assaut lancés à leur poursuite c’est la fin de l’amour il pleut des termes orageux sous les maux de la répression pure folie résister est un langage d’un autre temps

Alice est retombée dans une autre enfance à l’envers son corps d’adulte est pris entre deux feux la passion raison enjambe les dimensions plient sous l’effort du carcan solaire les poignets aux mains de tortionnaires elle n’ira pas jouer à la poupée tant que l’ogre la déflorera il n’attend que ça à lui conter la vie dans le fond d’une baignoire bondée sous l’œil d’une foule de voyeurs invétérés et cruels aux manches mouillés de sueurs froides ah l’espèce humaine tant attendue dans les salons de l’hypnose collective et de la propagande fleur bleue

Ci-gît l’espace d’un instant miraculé l’évadé parle encore du trou de la serrure le texte est inaudible se penche une oreille attentive débarrassée du cerveau de la peine et de l’effroi tout est si confortable à ne pas croire ni penser quand des autoroutes d’esclaves se pressent sous les fenêtres de la mariée contrariée elle est prise dans le tourment de ses rêves honorifiques dans ses toilettes d’enfant messianique un serre-tête en forme de serpent et un crapaud pour monture au milieu du passage de l’autre côté de sa mère

L’oubli aura-t-il joué son rôle salvateur ou se sera-t-il mué en obligation servile au préfet de la discorde d’appuyer ses dires sur le crâne du macchabée maintenant qu’il obéit à la loi du plus fort au fond d’une rigole sanguinolente qui ressemble à un drain médical purge les soucis du plaignant heureux du banc devant l’accusé s’agenouille de honte avant de se métamorphoser en nain puis en premier de cordée sur les montagnes de la vérité non il n’abandonnera pas la place d’excellence que lui réserve la postérité du héros mort

Que dit-il celui qui croit être et qui n’est rien il pérore aux temps des moissons debout sur la charrette ah tu peux bien convoquer des souvenirs d’enfance personne ne t’écoutait dans le brouhaha des voix besogneuses comme aujourd’hui les faux astres instruisent des pensées de fiel descends de ton perchoir animal fantasmagorique tu voudrais que les peuples s’assagissent ou se révoltent il te faut choisir l’outil adéquat pour trancher des gerbes d’idées fossoyeuses elles ne poussent pas toutes seules derrière les camions d’immondices que charrie la société

La belle catin au doux regard licence tes sens tu plies au verbiage altéré dans un mélange de vin et du ferment mensonger cela te plait tu n’as rien à envier au vil esprit des charades à tiroirs regarde Hildegarde aux beaux seins te raconter la vie dans un hoquet de femme bourrée ah la lie jusqu’à la garde d’une épée trempée par erreur dans le brasier corrompu des hommes-loi comme un baquet d’eau bouillante refuse de frissonner il est l’heure de te laver à l’eau claire mais tes yeux savent-ils faire la différence entre la lumière et la boue

Il fut un temps où tout ceci avait l’importance des roses même la puanteur est devenue l’adage et les sermons d’hier reviennent à la charge comme les batteries usées de cuisine ornent les cimaises de salons obscurs je sais le vent qui vient dessous et repart de côté quand des masses rectilignes se mesurent à l’aulne de leur fierté dégingandée pauvres vermisseaux entiers promus au couperet des célébrités lâches comme des lacets mal faits qui serrent et compromettent des étreintes ô combien plus seyantes

Ne riez pas la sentence est prononcée contre vous et vous la répercutez sur vos progénitures du centre de vos familles enchaînées aux spectacles monstrueux comment vous ne le saviez pas vous pensiez sincèrement que les fantômes de votre gloire passée avaient déserté le plateau pour les plaines sulfureuses des écoutes téléphoniques laissent des traces de vos peurs et de vos angoisses ils s’en servent quand ce ne sont pas elles envers et contre toute riposte sincère ou niaise ce n’est pas le sujet quand il s’agit de pleurer trop tardivement

Avec ou sans vous j’irai au bout de la corde comme un premier né des steppes hurlantes le voyage a commencé derrière la vitre l’opacité du vide réel est crevé et des pans nombreux de la Fortune s’enlisent dans le feu nourri d’une armée d’imbéciles prêts à tout gâcher au nom de vaines croyances au fond desquelles des galaxies de chapelles tiennent des discours perplexes et douteux uniques traces d’opacité que vous savez suivre sans imaginer une seule fois que vos souliers salissent l’airain de la dignité

M’arrêter en si bon chemin à l’heure où les tributs s’amoncellent sous mes pieds est hors de question me voilà riche d’illusions vraies et je les brandies tels des sarcophages ouverts sur l’histoire du futur il n’est plus question de tergiverser c’est l’issue fatale et merveilleuse que de vérifier sans crainte que la marche nuptiale de l’honnêteté et de la bêtise vont de pair avec l’équité quand bien même cette dernière est toujours dans la queue des victimes et tente à tombeau ouvert d’arriver toujours à l’heure.